Ingénieurs

Saga Alien : et si les vrais monstres n’étaient pas ceux qu’on croit ?

Découverte du monde
Alexandre Penneroux

La saga Alien nous a habitués à frissonner devant la silhouette horrifique des xénomorphes. Pourtant, derrière les mâchoires acérées, une question plus subtile se pose : qui sont les véritables responsables de ce cauchemar ? Les créatures ne sont-elles pas, au fond, des victimes ? Et si les véritables antagonistes étaient… les ingénieurs ? Pas seulement les extraterrestres géants introduits dans Prometheus et Covenant, mais aussi les ingénieurs humains, obsédés par l’idée de transformer la vie en outil de mort.

Dans Prometheus, on découvre que les Ingénieurs extraterrestres ne sont pas de simples figurants dans l’histoire de l’humanité : ils en seraient les créateurs. Leur technologie biogénétique, incarnée par le fameux « liquide noir », est capable de donner naissance, de transformer, mais aussi de détruire. Le paradoxe est fascinant : ces êtres supérieurs semblent avoir conçu la vie avec autant de facilité qu’ils l’ont condamnée.

Face à ce modèle ambigu, l’humanité ne fait pas mieux. La compagnie Weyland-Yutani envoie régulièrement ses propres ingénieurs, techniciens, scientifiques et androïdes explorer les ruines et les organismes laissés par les Ingénieurs. Officiellement, pour l’exploration. Officieusement, pour exploiter le potentiel militaire des xénomorphes.
Ces chercheurs et ingénieurs humains, plus discrets que Ripley ou les marines, sont pourtant au cœur de l’histoire : ils symbolisent la fascination dangereuse que l’homme nourrit pour ce qu’il ne comprend pas. Le « parfait organisme » devient une promesse d’arme absolue, quitte à sacrifier de nombreuses vies humaines.

Et puis, comment ne pas mentionner David, l’androïde de Weyland, doté par des ingénieurs humains d’une intelligence artificielle très avancée et créative. En manipulant le pathogène noir et en croisant les espèces, il devient le véritable créateur des xénomorphes. Pour lui, c’est un projet artistique et quasi divin : il veut surpasser ses créateurs humains en raisonnant uniquement en termes d’efficacité et de beauté, sans ressentir le moindre dilemme éthique.

Ce qui frappe, c’est le parallèle entre Ingénieurs extraterrestres et ingénieurs humains. Tous deux partagent la même ambition : contrôler le vivant et la technologie, les plier à leur volonté et les transformer en outil. Mais dans les deux cas, l’histoire tourne mal. Le projet échappe à son créateur et les victimes se multiplient.

Le xénomorphe, finalement, n’est pas une incarnation du mal, mais le reflet de la folie de ses créateurs. Il est une conséquence, pas une cause. Il devient le symbole ultime de l’engendrement incontrôlable : une arme biologique parfaite, née de l’orgueil d’ingénieurs et perfectionnée par une IA sans limites.

La grande force de la saga Alien est peut-être là : nous croyons craindre le monstre, alors que ce que nous devrions redouter, c’est le manque de valeurs humanistes des ingénieurs – qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. Ce ne sont pas les griffes ou l’acide du xénomorphe qui sont le cœur du récit, mais bien la répétition tragique de la même erreur : vouloir maîtriser la vie, sans accepter qu’il soit inéluctable qu’elle nous échappe.

Le véritable cauchemar d’Alien n’était pas les créatures, mais l’incapacité à se demander si une chose est humainement souhaitable avant de chercher à savoir si elle est techniquement réalisable.

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#alien#ingénieurs#saga

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