Dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau potable, de la pollution diffuse des cours d’eau, de l’évolution des cycles de l’eau du fait de changement climatique, de l’évolution des compétences de collectivités locales, notamment avec le transfert de la compétence Gémapi (gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations), mais aussi la gestion du « petit cycle de l’eau », peut-on s’arrêter un instant : comment parle-t-on de l’eau, localement ?
Pendant ce temps, le rapport à l’eau quotidienne change chez les citoyens. De plus en plus de riverains et de touristes cherchent un rapport direct à l’eau et à la fraicheur, notamment du fait d’étés de plus en plus chauds, et d’un changement des pratiques touristiques depuis la crise du Covid (2020-2021). L’accès à l’eau est donc un enjeu croissant pour les collectivités : fraicheur d’un milieu humide, baignades en piscines ou en milieu naturel, accès aux rives et aux bords de cours d’eau, vues sur l’eau…
En 2025, le Pays des Châteaux a commandé une étude portant sur « l’accès à l’eau sur la destination touristique Blois – Chambord – Val de Loire ». Plusieurs plans d’eau sont intégrés à la stratégie touristique de la collectivité, et de nouveaux plans d’eau, souvent situés sur d’anciens lieux d’extraction tels que des sablières ou des gravières, seront bientôt rétrocédés à la collectivité. Or, la question de l’eau, de son usage et de son accès cristallise des intérêts divergents, concurrents, et exacerbe des conflits d’usages sur les points d’accès à l’eau ou des ressources partagés entre plusieurs activités.
Cet atelier pédagogique de l’École de la nature et du paysage, coordonné par Lolita Voisin, soulève l’état actuel des Parler(s) de l’eau, et questionne son devenir.
Comment parle-t-on localement des eaux, dans un pays irrigué par la nappe souterraine de Beauce et par les mouvements de la Loire, si touristique ?
De leurs états, de leur valeur, de leurs couleurs, de leurs caractères ?
Comment parle-t-on des usages que l’on en a ?
Quels sont les mots, les expressions, les silences que chacun et chacune utilise pour parler de l’eau ?
Le langage est-il un bon indice pour comprendre ce que l’eau est pour chacun de nous, dans son métier, dans la vision de son futur, dans ses relations sociales, dans sa vie privée ?
Alors que toutes les eaux circulent, se meuvent, se mélangent, les usages humains ont eu tendances à les séparer, à les diviser, à les sectoriser, à oublier certaines circulations d’eau. Peut-on déceler des tendances, des liens entre plusieurs eaux, des creux ou des séparations ?
Peut-on déterminer des eaux plus ou moins politiques ?
Peut-on aller vers une « politique des eaux » ?
Les élèves ont d’abord mené l’enquête en rencontrant, dans leurs lieux de travail, élus, techniciens des collectivités et des syndicats de rivière, agriculteurs, artistes, professionnels, pêcheurs, etc. Ils ont aussi lu et travaillé de nombreux textes, rapports, essais, poésie, déclarations politiques, études, cahiers des charges, etc. Ensuite, en atelier, ils ont réalisé, parfois seul, parfois à plusieurs, des « images de pensée », objet graphique complexe qui organise une pensée en train d’advenir, de se construire, de s’illuminer. Ils ont aussi fabriqué, chacun, une création sonore travaillant la langue, les mots, leur son. Enfin, ils sont allés discuter de leur enquête, de leurs questionnements, de leurs étonnements, de leurs révélations, au sein du stand du Pays des Châteaux du Comice agricole de Blois les 16 et 17 juin 2025. Ils y ont enregistré deux créations radiophoniques et échangé avec le public bigarré et multiple d’un tel évènement.
Écoutez ici les deux créations radiophoniques réalisées par les élèves de 4A, en direct au comice agricole, à Blois, les 16 et 17 juin 2025.
Un document édité sera bientôt disponible à la lecture en bibliothèque et accessible en PDF.
Pour aller plus loin : Lolita Voisin et Olivier Gaudin, « À l’écoute des situations de travail. Expériences radiophoniques dans une formation de paysagistes », RadioMorphoses [En ligne], 8 | 2022. URL : http://journals.openedition.org/radiomorphoses/3188
